MARION, PRÉPARATRICE A MONTREAL
Marion a 27 ans et est originaire de la Creuse. C'est à Limoges, au centre de formation Espace Galien, qu'elle a obtenu en 2010 son brevet professionnel de préparateur en Pharmacie. Après le remplacement d'un congé maternité dans la pharmacie où elle a réalisé son apprentissage, elle part rejoindre son compagnon à Bordeaux et travaille pendant 7 mois dans une pharmacie à Cestas. Aujourd'hui, elle travaille à Montréal, en tant qu'ATP, entendez par là, Assistant Technique en Pharmacie.  
 
L'ATP, c'est un peu notre préparateur pour nos amis canadiens. Nos métiers se ressemblent mais n'en restent pas moins différents. Ici, même s'il existe un diplôme, il n'est obligatoire pour travailler en officine, à l'inverse de l’hôpital, même s'il reste recommandé. La profession n'étant pas réglementée comme celle des pharmaciens, Marion n'a pas dû passer d'équivalence pour trouver un emploi, deux semaines après son arrivée.  
 
«  Il a fallu plusieurs jours d'adaptation mais j'avais au moins l'avantage d'avoir étudié dans ce domaine donc je connaissais les médicaments. Les noms des princeps ne sont pas tous les mêmes mais les molécules ne changent pas donc ce fut assez facile » 
 
L'ATP va dans un premier temps accueillir le patient, c'est-à-dire créer son dossier, s'il n'en a pas, le mettre à jour (Allergies, grossesse, poids de l'enfant, assurances etc.) puis entrer les informations relatives à la prescription : nom et licence du médecin, médicaments, posologies. 
 
S'ensuit la préparation de l'ordonnance et ici, on compte les comprimés. On déconditionne les médicaments pour ne donner que le nécessaire puis on reconditionne et étiquette ce qui va être donné au patient. A partir de là, le pharmacien, et uniquement lui, prend la relève. Il vérifie que l'entrée des données est correcte, que les médicaments sont les bons, qu'il n'y a pas de contre-indications pour le patient, ni d’interactions. Il explique aussi à ce dernier ses traitements et les effets secondaires possibles. Enfin, c'est à l'ATP de finaliser la vente et de faire régler le patient.  
 
« Le travail des ATP est totalement différent de ce que j'ai connu en France. Nous n'avons pas le droit de donner des conseils aux clients ni d'expliquer quoi que ce soit sur un médicament. Au début c'est frustrant, puis on s'y fait.» 
 
En d'autres termes, à l'inverse du préparateur en pharmacie français, l'ATP prépare les prescriptions mais ne les délivre pas.  
 
Marion nous explique que si l'on veut des responsabilités, il faut les trouver ailleurs. Elle a de son coté pris a sa charge la gestion des commandes, de l'inventaire, des retours des périmés au laboratoire et des dispills (Dosettes préparées pour les patients). Elle est de même devenue Chef ATP au bout de deux ans et s'occupe donc des emplois du temps, en collaboration avec ses employeurs, mais aussi de la partie RH pour les ATP (entretiens d'embauche, évaluations annuelles...). 
 
Les conditions de travail sont aussi différentes des nôtres, elles dépendent de l'entreprise où l'on travaille mais aussi de ce qu'on a réussi a négocier. Marion, qui évolue dans une pharmacie rattachée à la bannière (Entendez par là, groupement de pharmacies) de Jean Coutu, a le droit à une assurance privée, un rabais de 20% dans la pharmacie, une prime de présence, deux semaines de vacances (Eh oui, deux semaines, seulement !) ainsi que 13 jours fériés par an (lorsqu'un jour férié tombe un dimanche, il n'est pas perdu mais est reporté sur un autre jour.). 
 
La pharmacie, elle, est ouverte 7j/7, dimanches et jours fériés compris, de 9h à 22h en moyenne. Un temps plein est compris entre 35 et 40 heures travaillées par semaine alors que la vie à la pharmacie s'organise aussi avec de nombreux temps partiels occupés par des étudiants (dans des domaines nombreux et variés qui n'ont rien à voir avec la pharmacie) pour les soirs et les week-ends. 
 
« Le salaire de base est un peu plus élevé que le salaire minimum, soit autour de 1500 $ brut par mois. Il faut faire ses preuves et savoir renégocier. Personnellement, je ne sais pas si je serais arrivée à mon salaire actuel en France. J'ai été très chanceuse dans mon parcours car toutes les portes se sont ouvertes les unes après les autres.  J'ai été patiente, j'ai saisi les opportunités dès qu'il y en avait à prendre mais j'ai aussi eu la chance de tomber sur des employeurs jeunes et ouverts d'esprit qui m'ont laissé ma chance. Et c'est pour dire : cinq ans plus tard, je suis toujours chez eux! Je suis satisfaite de mon parcours professionnel ainsi que de mes conditions de travail que j'ai su bien négocier. Nous avons pu faire de nombreux voyages, la vie en Amérique du Nord, tout comme les personnes, sont très agréables, c 'est sans doute pour cela que nous allons encore rester un peu ! » Conclue Marion tout simplement.